Changement radical de température ! Après San Francisco et ses gentils 15 petits degrés, le désert d'Arizona m'accueille par 40 à l'ombre. Pour ne rien arranger, j'arrive de 14h en bus climatisé option banquise. Mais de ce fourgon glacière, j'ai pu apercevoir le désert jaune et ocre épousant le ciel en une multitude de montagnes pourpres. Des collines de cristaux. Des cactus solitaires. Et l'interminable désert Mojave : ne jamais négliger la vue entre deux destinations.
Note : Colorado signifie terre de sienne brûlée, c’était la couleur de l’eau quand les espagnols sont arrivés.



Dans les
oreilles
America – A Horse With No Name

Voyageant seule et ne voulant pas conduire, j'ai rejoint au départ de Las Vegas un autotour sur plusieurs jours, ralliant les parcs nationaux et les canyons.
Le parcours débutera par une randonnée sur les flancs du Zion Canyon. Le parc est immense, en fonction du temps que tu auras veille à bien choisir ton ou tes chemins de randos (certains sont moins accessibles ou intéressants que d'autre ). Pour ma part, nous avons eu le temps de faire "l'Emerald pool trail". Une première étape sous les arbres avant de s'aventurer sur les chemins ocres du Bryce canyons.
Vu sur la route : Chipmunks ( sorte d'écureuil ), Pronghorns ( un peu comme une antilope avec des cornes de cerf ), chiens de prairies et des bisons !!!







Nous avons combiné les Queens garden et Navajo loop trails pour plus de deux heures de magie. Des lieux à couper le souffle : littéralement. La remontée fût périlleuse, mais les nuances criantes de la terre orangée resteront un souvenir marquant. Le dépaysement était tel que les paysage paraissaient factices, décors improbables d'un tournage grandeur nature.













A lire sur
la route
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Mille femmes blanches - Jim Fergus
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Wild: A Journey from Lost to Found - Cheryl Strayed
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The Black Company - Glen Cook



Encore baigné du soleil de la journée, nous roulons à travers l'Utah vers Cannonville, où nous poserons notre campement. Les villes mormones se succèdent : îlots de calme dans un décor tapageur. Ici, pas de bars, pas d’alcool, pas de café. Mais bon, il ne faut pas déconner : il y a quand même un McDonald.
Ce soir nous dormons à la belle étoile 😀
Cela faisait trois semaines que je voyageais uniquement seule et je retrouve avec plaisir l'organisation en groupe autour du feu de camp. Après un pique-nique improvisé, nous quittons un à un le cercle autour des flammes pour rejoindre notre binôme sous la tente. Aux premières lueurs, il faudra tout replier pour reprendre la route.




Dans les
oreilles
The Handsome Family – Singing Bones – Far From Any Road

Nous montrons patte blanche à la frontière de la Monument Valley. Bienvenue sur les terres Hopis ( nom natif des Navajos ).
Direction l'Antelope Canyon ( coté lower canyon ). La visite se fait avec un guide habitant la réserve qui nous explique comment est né le canyon avec moult démonstrations dans le sable ( sédimentation de couches de sables grignotées alternativement par le vent et les crues ). Nous apprendrons aussi que le canyon tient son nom des premiers colons du coin qui avaient mépris les pronghorns, cousins du daim, pour des antilopes.












Rassasiés de canyon nous faisons route vers notre prochain campement au coeur de la Monument Valley. Le désert me laisse un souvenir épidermique. La terre, doigts levés en d'innombrable hoodoos, surplombe les plateaux arides. Le vent et les changements de température mordent tour à tour la terre rouge, ouvrant arcs et canyons.
Note : les arcs sont creusés par le vent mais aussi par la glace quand la température change brusquement.


Après un court passage en jeep nous descendons admirer la vue : face à nous, paumes ouvertes : deux concrétions gigantesques. Un moment unique que la pluie n’arrive pas à gâcher. Nos deux accompagnateurs entonnent devant nous -médusés- un conte chanté de la vallée accompagné d'une flute à deux branches. Je n'en avais jamais entendu. Le duo semble raisonner jusqu'au fond de la vallée qui siffle à son tour. Nous reprendrons la jeep pour découvrir d'autres singularités du lieu comme "The Cube" ( un immense cube de pierre semblant reposer uniquement sur un angle ).
En langage natif, Navajo se dit en fait Hopi. Les employés de la réserve nous invitent à partager un repas typique : tacos et dégustation de thé de prairie aride. Ici la végétation se sépare en deux équipes : celle que tu bois et celle que tu fumes ! ( je ramènerais un peu de la première ^^ )
Nous avions pris soin de monter nos tentes avant la balade : malin ! Luttant contre la fatigue qui crie le long des jambes, le coucher du soleil nous rattrape déjà. Rondes de tentes et de sardines au bord du plateau, un pas de plus et c'est le bord du monde. Nous dormons face aux buttes Mitten et Merrick Butte, à plus de 300 mètres d'altitude ( mitten veut dire moufle, et l'horizon semble tendre ses mains vers le ciel ). Pas de pluie d'annoncée, ce sera donc le vent : pense à mettre ton sac sous la toile pour l’empêcher de courir vers le gouffre 😉 La nuit sera humide et l'aube nuageuse. Entre deux averses nous plions bagages sur un désert rose orange velouté.






Dans les
oreilles
The Pretty Reckless – Light Me Up – Nothing Left To Lose



Pas assez rapides ! En chemin vers le grand canyon, le brouillard nous avale. Impossible de voir quoique ce soit : à plus d'un mètre la piste est comme effacée. Une page blanche.
Je ne comprends toujours pas comment notre guide a pu s'y retrouver dans cette purée de pois, nous voilà arrivés au bord du canyon .... invisible. On ne voit même pas la démarcation du vide. Gare à celui qui s'approche du gouffre. Attendant qu'il se dévoile nous déjeunons en écoutant les histoires du coin. C’est fou le nombre de femmes guides, exploratrices ou entrepreneuses qui ont fait de ce lieux un passage obligé !



Dix minutes avant de partir, alors que tout espoirs étaient perdus, le Colorado se révèle ! Il s’est laissé désirer pour mieux nous surprendre et en touristes émerveillés nous cahotons sur les rochers pour trouver le plus bel angle, oubliant le vide sous nos pieds.


Sourire aux lèvres et photos en poche, nous redescendons sur la mythique Road 66 : promesse de biker ! ( en vrai il n'en reste qu'une petite partie et puis bon c'est une route quoi ^^)
Un morceau de bonheur au goût de hot dog sur les bancs du giftshop historique de la nationale. Clin d'oeil au dessin animé Cars qui s'inspira du hameau pour ses décors. L’aventure valait bien plus que tous les miles parcourus. Trois états parcourus ( Utah - Arizona - Nevada ) ça pesait au moins ça !!



La nuit qui suivit prolongea les adieux avec mes coéquipiers de rando, sous les lumières de Vegas.
Je ne comprends pas bien ce que l'on peut venir chercher dans ce décors factice aux plafonds bas et aux mur moquettés. Un relent d'alcool et d'oubli. Les enseignes épileptiques nous entrainent de la vieille ville jusqu'aux carrefours flambants neuf. La nuit sera courte avant de reprendre l'avion. What happens in Vegas ...




